Regardant ces images, il faut savoir que la réalité est tout autre, Mao n'a jamais voyagé en Europe, le seul voyage qu'il ait fait à l'étranger est sa participation au 1er congrès du parti socialiste à Moscou. ERRÓ découpe le jeune Mao des affiches de propagande mettant en scène le chef de l'état, portrait qui a voyagé dans toute la Chine pour montrer une image "réjouissante" du communisme. Mais ERRÓ dénonce de façon humoristique la pratique iconographique de Mao, relatant son entretien (unique) avec les ouvriers des mines en grève. Mao a créé un mythe, et ERRÓ, en parodie, reconstruit un autre mythe auquel le regardeur "croît" sans se poser de questions, car plus l'image parait artificielle (Mao semble flotter...), plus elle paraît la vérité dans le cerveau humain. C'est sur cette ambiguïté que sont construits les messages publicitaires dans le domaine de la télévision et des affiches.

Il est donc important, avant de "croire" à la réalité de l'image, de l'étudier dans le détail. La composition, les couleurs, l'emplacement des personnages sur ce fond de catalogue de Venise, reprennent la composition d'un Léonard de Vinci. le choix des personnages, leurs sourires, ne sont qu'images de propagande, associées au bonheur, à la beauté, à l'art avec Venise, la ville des amours... comme témoin.Avec ERRÓ, toutes les images découpées issues de revues, ont déjà été publiées, sont donc des témoins de notre vie présente, de notre réalité. Le collage est un art subtil qui témoigne des représentations de notre époque avec les flux d'images qu'elle nous assène et des rapprochements qui parfois nous dérangent car ils veulent nous mettent en garde. Mais cela ne veut pas dire que l'artiste prend parti, il nous alerte, il nous montre, il témoigne avec intelligence.